Thierry Varlet gère Breiz Pack, un réseau d'industriels bretons de l'emballage. Il prend acte des études pointant les risques de dangerosité du bisphénol A.
Pourquoi les emballages alimentaires contiennent-ils du bisphénol A, des phtalates et autres huiles minérales?
Le bisphénol A est présent dans de nombreux plastiques alimentaires. Tout comme les phtalates. Ces substances augmentent la souplesse et la fluidité d'un matériau qui serait sinon plus cassant. Les huiles minérales, elles, sont intégrées aux encres utilisées en impression sur les emballages. On sait aujourd'hui que ces huiles traversent les plastiques alimentaires et que la plupart des cartons issus du recyclage en contiennent. De même, on sait que le bisphénolA et les phtalates migrent du plastique aux aliments. Mais il ne faut pas prendre les industriels pour des irresponsables. Ces différentes substances sont utilisées dans les emballages en respect de la réglementation en vigueur actuellement.
Ce qui est nouveau, c'est que l'Anses affirme aujourd'hui la dangerosité du bisphénol A chez les femmes enceintes et les enfants avant trois ans et à la puberté. Le bisphénol A est un perturbateur hormonal qui peut notamment provoquer des cancers et modifier le développement des foetus. Jusqu'à présent, on faisait un lien entre la quantité et la nocivité. Donc, on utilisait de très faibles doses. Désormais, on sait grâce aux études de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) que, même à faible dose, il y a des risques et que la période de la vie pendant laquelle on ingère la substance a beaucoup d'importance.
Il semble que certains industriels de la pétrochimie aient déjà des produits de substitution. En tout cas, je remarque que l'industrie de l'emballage est le seul secteur où on va chercher ce genre de détail. Car les substances remises en cause, vous en avez dans les meubles, les sacs, les textiles, les lunettes, les téléphones portables, etc. Et dans la plupart des jouets que l'on importe massivement de Chine.
D'ici à cinq, dix ou quinze ans, on aura avancé vers des composants issus de ressources renouvelables dont l'impact sera minimisé au maximum. On devrait être en capacité de fabriquer localement avec des ressources locales, comme les fibres végétales, des emballages pour des produits qui seront vendus localement dans des sortes de «circuits courts». On trouvera un bon compromis entre le tout pétrole et le tout bio. On n'aura pas besoin que la durée de vie des aliments soit de quinze jours. Les performances demandées seront moindres.