samedi 20 juin 2009

L'épuisement prévu du pétrole pousse les industriels à accélérer la recherche sur les bioplastiques

Après les agrocarburants, le plastique sera-t-il bientôt produit lui aussi à partir de plantes ? L'inauguration, jeudi 18 juin, d'une chaire consacrée à la recherche sur les bioplastiques à l'Ecole des mines, en partenariat avec Nestlé, Schneider Electric, PSA Peugeot Citroën, L'Oréal et le chimiquier Arkema témoigne de l'intérêt des industriels. Et ce, même si la fabrication du plastique absorbe moins de 5 % du pétrole mondial.

"Nous savons que le pétrole s'épuise et sera de plus en plus cher, nous devons trouver d'autres solutions", dit Anne Roulin, directrice du packaging chez Nestlé. "On l'a vu aux élections, la prise de conscience des enjeux environnementaux est importante et aura un impact sur la consommation, ajoute Michel Fontaine, son homologue chez L'Oréal. Nous devons réagir vite."

Les plastiques issus de matières premières végétales (maïs, pomme de terre) sont déjà présents depuis quelques années sous la forme de sacs ou de films alimentaires, souvent dans les magasins bio. Selon leurs fabricants, ils permettent d'économiser entre 30 % et 80 % de gaz à effet de serre, en fonction de la proportion de matières premières renouvelables utilisée.

"LE BOIS OU LES ALGUES"
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Pourtant, malgré une demande importante, ils représentent moins de 1 % du marché mondial. Leur prix, deux à quatre fois supérieur au plastique classique, est un premier frein. Leurs caractéristiques techniques (résistance à l'humidité, à la chaleur, aux chocs) ne sont pas équivalentes. Leur fin de vie est aussi problématique. Certains bioplastiques sont biodégradables, à condition d'être compostés dans des sites spécifiques. Leur développement augmenterait donc la complexité et le coût des filières de récupération et de recyclage.
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Cette limite, peu connue du grand public, inquiète les écologistes. "Nous avons fait de grands progrès en éliminant 80 % des sacs de caisse, note Bruno Genty, vice-président de France Nature Environnement. Les gens ont adopté les sacs réutilisables. L'arrivée des bioplastiques ne doit pas être l'occasion de revenir en arrière." "Ces plastiques ne se dégradent pas seuls, et ne doivent pas plus être jetés dans la nature que les autres", affirme Françoise Gerardi, déléguée générale d'Elipso, le syndicat des industries de l'emballage plastique.
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La concurrence avec l'usage alimentaire des plantes constitue un autre écueil. La part des terres agricoles mobilisées est aujourd'hui minime (moins de 0,1 % de la surface agricole en Europe), mais elle pourrait grimper si les bioplastiques atteignent de 5 % à 10 % du marché total, comme l'anticipent les experts. Autre obstacle : certains sont produits à partir de plantes génétiquement modifiées, ce qui pourrait nuire à leur image en Europe.
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L'objectif de la chaire de l'Ecole des mines est de produire des bioplastiques performants pour tous les usages, tout en dépassant ces handicaps. "Nous ne travaillerons pas sur des matières premières agricoles, ni sur des OGM, mais sur le bois, les déchets agricoles, ou les algues, explique Tatiana Budtova, titulaire de la chaire. Le potentiel des bioplastiques est très important."

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