lundi 4 juin 2012

Des ballerines GUCCI biodégradables : Quel message faut-il comprendre derrière ce geste de la marque de luxe ?


La maison haute-couture Gucci vient de lancer une collection de ballerines biodégradables (voir ici). Pour la modique somme de 120 euros, ces ballerines sont même équipées d’un logo spécial, GG, qui veut dire «Gucci Green ! Quel message faut-il comprendre derrière ce geste de la marque de luxe ?

Voilà une belle façon de s’acheter rapidement une belle conscience environnementale. Il ne faudrait pas laisser croire au consommateur que tous ces matériaux qui s’arrogent le préfixe « Bio » ne posent aucun problème en matière de déchets et pourraient magiquement disparaitre de notre environnement. De plus, Il est impératif de mieux informer les consommateurs pour qu’ils comprennent la véritable valeur ajoutée environnementale des produits biodégradables. Les comportements à encourager doivent rester la Réduction à la source, la Réutilisation et le Recyclage. Les bioplastiques n’ont vraiment de valeur ajoutée environnementale que lorsqu’il n’est pas possible d’envisager les 3R.

En conclusion, Gucci semble faire un geste éco-responsable, mais ce soit disant « virage vert » s’avère dérisoire, voire contre-productif sur le plan environnemental.

Par ailleurs, je me demande quel type de bioplastique a été utilisé pour la fabrication de ces ballerines?

Un petit cours 101 sur les bioplastiques :
  1. Le terme « bioplastique » est aujourd’hui utilisé pour désigner deux réalités distinctes : l’origine de la ressource et la gestion de la fin de vie : Biosourcé, Biodégradable et composable. Les distinctions sont subtiles mais très importantes. En effet, si un plastique est compostable, il est forcément biodégradable, mais la réciproque n’est pas vraie. Un bioplastique bio-sourcé n'est pas nécessairement compostable.
  2. Les plastiques compostables qui sont déviés de la voie du compostage risquent de causer plus d’impacts nocifs sur l’environnement ainsi que des dommages au sein de l’industrie de recyclage. En effet, la dégradation d’un bioplastique dans un site d’enfouissement génère du méthane, un des principaux gaz à effet de serre, dont le pouvoir réchauffant est environ 23 fois supérieur à celui du CO2. De même, les plastiques compostables qui finissent dans un bac de recyclage risquent de contaminer la chaîne de recyclage, si l’on ne peut les différencier des pétro-plastiques. 
  3. Le terme biodégradable est perçu de façon positive par le consommateur, qui, trop souvent, considère que ce qui est biodégradable peut magiquement disparaître. Promouvoir la biodégradabilité des plastiques peut aussi comporter le risque d’augmenter les cas d’abandon sauvage. Par ailleurs, au lieu d’insister sur l’aspect biodégradable, il serait préférable de promouvoir le compostable : le consommateur est d’emblée informé de ce qu’il devra en faire à la fin de son cycle de vie, c'est-à-dire le destiner au compostage. De plus, la promotion des plastiques compostables doit impérativement s’accompagner du développement et de la généralisation d’infrastructures adéquates permettant le compostage.

Vous pouvez consulter ici le dossier consacré aux bioplastiques

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