mercredi 22 avril 2009

Sécurité alimentaire : Les composants de l’encre sous surveillance

Les composants de l’encre migrant de l’emballage vers l’aliment peuvent en modifier les qualités organoleptiques et constituer un risque de salubrité et de sécurité alimentaire.
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Ci-dessous l’article qui vient d’être publié dans le magazine "Québec imprimerie" (Numéro 15, Avril-Mai 2009).
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Dans l’industrie alimentaire, l’emballage est au centre de nombreuses discussions en ce qui a trait tant à son impact environnemental qu’à ses propriétés barrières, à son interactivité avec le consommateur ou aux risques de contamination du contenu. Les matériaux d’emballage doivent, en effet, à la fois protéger et conserver le contenu emballé, en constituant une barrière inerte entre l’aliment et l’environnement extérieur. De nombreuses substances volontairement incorporées dans les emballages (tels que des additifs, colorants, mais aussi des constituants des encres et des colles…) sont susceptibles de migrer vers l’aliment.

En Europe, plusieurs cas de migration des composants des encres vers les aliments ont fait les manchettes. Par exemple, à la suite du retrait du marché italien de deux millions de litres de lait pour nourrissons en 2005, Nestlé Italia et Tetra Pak International viennent d’être jugés responsables des « dommages de nature psychologique » occasionnés aux parents dans un communiqué stipulant que le lait consommé par leurs enfants avait été contaminé par un produit se trouvant dans l’emballage d’isopropylthioxanthone (ITX). Dernièrement, la Commission Européenne a demandé à l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) d’évaluer le risque lié à la présence du 4-méthylbenzophénone dans certains aliments. Cette demande fait suite à une notification des autorités allemandes, qui ont constaté une migration suspecte de ce produit chimique depuis l’emballage vers un produit céréalier. Pour l’EFSA, ce composé pourrait, dans certains cas, constituer un risque pour la santé des consommateurs.

Ces incidents récents mettent en avant la migration à travers l’emballage de photoinitiateurs, tels que la 4-méthylbenzophénone et l’isopropylthioxantone (ITX). Communément utilisés dans les encres UV, ceux-ci permettent d’initier le séchage par le déclenchement d’une réaction de polymérisation.

La migration des composants de l’encre n’est pas une problématique totalement inconnue, mais elle est encore mal cernée et peu étudiée. Elle peut se produire soit par migration à travers le support, soit par contact direct entre la surface imprimée et la surface non imprimée, ou encore par transfert par phase gazeuse. Depuis peu, ce phénomène de migration s’est complexifié avec l’arrivée de nouveaux matériaux souples, innovants et biodégradables, de nouvelles encres et de nouvelles technologies d’impression d’emballage.

Au Canada, cette question est d’autant plus d’actualité, que d’ici 2010, Santé Canada et Environnement Canada évalueront 17 substances (pour la plupart des pigments et des encres utilisés en imprimerie) susceptibles de devenir une source de préoccupation pour l’environnement et pour la santé humaine.

L’urgence de tests

Pour éviter que des substances potentiellement migratrices provenant de l’encre ou du support d’impression ne contaminent les denrées alimentaires, il devient primordial de développer des tests et méthodes destinés à détecter rapidement ces phénomènes et à quantifier les faibles concentrations de contaminants migrant à partir d’emballages alimentaires imprimés.

L’ICGQ se propose donc de concevoir et de développer des outils d’intervention permettant d’étudier et d’évaluer les phénomènes migratoires des composants de l’encre à travers l’emballage. De tels outils prémuniraient les industriels de l’agroalimentaire des risques de contamination et, par conséquent, des pertes considérables occasionnées par le rappel massif de leurs produits, auquel s’ajoute l’impact négatif sur leur image de marque.
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