vendredi 8 août 2008

Le Bioplastique, c’est politique!

Le Nouvel Observateur publiait l’été dernier un article intitulé : Le Bioplastique, c’est politique!; Je publie ici les passages que je trouve les plus pertinents.

Interdire ou pas les sacs plastique distribués à tout-va dans les magasins? La question vire au sac de nœuds... Lorsque nos députés ont envisagé de bannir tous les emballages en plastique non biodégradable d'ici à 2010, la salve de critiques est partie de haut. Aux côtés de l'Académie des sciences, le prix Nobel de physique Pierre-Gilles de Gennes a protesté qu'une telle décision ne permettrait ni de lutter contre la pollution, ni de préserver les ressources pétrolières, puisque la fabrication des emballages fossiles ne consomme que quelques centièmes - 4 % exactement dont 0, 2 % pour les pochons - de la production mondiale d'or noir !
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Un décret, toujours en cours d'élaboration, doit par ailleurs préciser « les usages du plastique pour lesquels l'incorporation de matières d'origine végétale est rendue obligatoire » ainsi que « les taux d'incorporation croissants imposés ». Le hic, c'est que Bruxelles vient de décider que les plastiques d'origine pétrolière satisfont en tout point à la réglementation de l'Union européenne en matière d'emballages : pas question, donc, de les prohiber.
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Pis, la décision de nos politiques, pourtant bien intentionnés, ne contente même pas les associations environnementales ! « Ce n'est pas aux sacs plastique pétroliers qu'il faut s'attaquer, mais aux sacs jetables, explique Grégoire Even, chargé de la question au WWF, l'organisation mondiale de protection de l'environnement.
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Avec les biodégradables, les consommateurs risquent de se sentir décomplexés et de les jeter sans discernement. Or ils mettent tout de même plusieurs semaines à disparaître dans la nature, et encore sous certaines conditions ! Donc le problème de la pollution visuelle ne sera pas réglé. Quant aux tortues marines, elles ne feront pas le distinguo entre un sac biodégradable ou non ! Elles risqueront tout autant de les avaler en les prenant pour des méduses ! » Les arguments sont recevables. Reste que l'idée de voir les déchets plastiques disparaître au bout de quelques mois des branchages bordant les rivières ou des abords de sites touristiques a tout de même son intérêt.
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Pour les écologistes, une seule alternative, donc : le cabas réutilisable, et encore pas n'importe lequel !
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Autre question, a-t-on calculé les conséquences environnementales d'une production accrue de tous les plastiques d'origine végétale (emballages, pneus, films agricoles ...) en France ? « Il suffirait d'y dédier 4 % de notre surface agricole utile », plaide John Persenda, président du groupe européen Sphère, spécialisé notamment dans les plastiques à base de féculents. Certes, mais il est déjà question de vouer 10 % de nos cultures à la production de biocarburants, et, de plus, les scientifiques alertent sur les quantités d'eau, d'engrais et de pesticides qu'elles vont consommer. A quand un véritable écobilan de la filière ? A tous les niveaux, les sceptiques fourbissent leurs arguments.
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Exemple : faute d'un marquage clair, le consommateur ne serait pas prêt à trier avec certitude les emballages compostables. La société Eco-emballages, investie depuis 1992 d'une mission d'intérêt général pour organiser le tri des emballages ménagers en France, plaide pour qu'ils finissent avec les 40 % de déchets actuellement brûlés en incinérateurs. Selon elle, c'est le meilleur moyen de valoriser ces rebuts trop légers et trop souvent souillés pour être traités différemment. La société s'appuie sur une « analyse environnementale de la fin de vie des emballages en bioplastique » menée pour son compte, avec le soutien de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Adem), par le cabinet Bio Intelligence Service d'Ivry-sur-Seine. Celui-ci a évalué par modélisation des plastiques compostables, également testés par nos soins (Ecoflex, Mater-Bi, NatureWorks). Il conclut notamment qu'en termes de toxicité (pour l'homme, la terre, l'eau), leur incinération serait préférable à leur enfouissement en décharge mais aussi à leur compostage !
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Un résultat à prendre avec des pincettes, selon Françoise Silvestre, de l'École nationale supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques de Toulouse (Ensaciet), également présidente du Comité français pour la biodégradabilité (Co-Bio) : « On a fait tourner un logiciel en le nourrissant de données parfois hypothétiques. On ne peut pas en effet évaluer les performances de la technologie des plastiques d'origine végétale qui n'en est qu'à ses débuts en lui appliquant les mêmes critères qu'à l'industrie du plastique pétrolier, solidement établie depuis cinquante ans ! »
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Car c'est là que se situe l'un des nœuds de l'affaire. Pour être performants sur le plan environnemental, les plastiques compostables doivent faire l'objet d'une collecte spécifique, avec les déchets organiques, comme en Italie du Nord ou dans certaines villes de Grande-Bretagne. Si la France ne décide pas de la mettre en place à quoi bon généraliser leur emploi ?
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