Les emballages sont partout dans notre vie quotidienne. En carton, polystyrène ou plastique, ils représentent 35 % du volume de nos poubelles. Avec le développement des doses individuelles et des suremballages, les industriels du secteur sont régulièrement accusés d'être responsables de l'explosion du volume des déchets ou de détériorer l'environnement. Pour réagir, ils développent depuis quelques années toutes sortes "d'emballages écologiques" qu'ils présentaient lors du salon de l'emballage. Mais en l'absence de règles communes pour juger de l'impact environnemental d'un emballage, les efforts sont dispersés.
Ainsi, telle entreprise préfère calculer combien de CO2 émet la fabrication de son emballage pour vanter ses produits. Une autre calcule son impact écologique mais l'outil de mesure est "créé en interne, selon des critères propres". Plusieurs critères sont à prendre en compte pour qu'un emballage soit totalement écologique : la consommation d'énergie lors de la production, le temps de transport, la nocivité lors de la destruction ou du recyclage. Or la mesure de tous ces éléments est loin d'être simple.
Ainsi certains nouveaux produits présentés comme écologiques ne le sont pas forcément sur toute leur durée de vie. C'est le cas des bioplastiques. 40 % à 100 % de la matière nécessaire à leur production provient de sources végétales (maïs, amidon de pomme de terre...), ce qui diminue sensiblement les besoins en pétrole. Mais leur fin de vie est souvent beaucoup moins respectueuse de l'environnement. "Il n'y a pas les filières nécessaires pour traiter ces déchets", souligne ainsi Hélène Bourges, du Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid).
Autre problème : comme les agrocarburants, ils sont accusés d'utiliser des ressources agricoles nécessaires à l'alimentation. Christophe Doukhi de Boissoudy, président du club des bioplastiques, qui regroupe les professionnels du secteur, réfute cette idée : "Si les bioplastiques atteignaient 10 % du marché, seuls 1,35 % des surfaces céréalières européennes seraient nécessaires pour leur production." Il admet toutefois qu'il n'est pas toujours certain que les plastiques d'origine végétale soient toujours meilleurs pour l'environnement. En cause : pas assez de lieux de production et donc des transports beaucoup plus longs que pour les autres types de plastique.
Le problème des emballages a naturellement été traité lors du Grenelle de l'environnement. L'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a été chargée d'y mettre un peu d'ordre. D'ici à 2011, un "affichage environnemental" qui détaille l'impact global sur l'environnement de chaque produit, et donc de son emballage, sera rendu obligatoire. L'agence a déjà publié des règles générales, mais les conditions précises sont encore en cours de définition. "On est dans une époque charnière", confie Christine Cros, la chef du département écoconception et consommation durable au sein de l'Ademe, pour justifier la désorganisation actuelle. "Ce qui est sûr c'est qu'il n'y a pas de meilleur outil que les analyses de cycle de vie (ACV), mais elles sont trop complexes et trop chères pour être rendues obligatoires." Les ACV mesurent l'impact global d'un produit sur l'environnement de sa création à sa destruction ou son recyclage. Pour l'instant, seules quelques entreprises comme Tetra Pak peuvent s'offrir une telle analyse.
L'Ademe travaille donc actuellement à définir une méthodologie d'analyse allégée, en collaboration avec d'autres pays européens et la Commission européenne. En attendant, l'organisme a mis en place sur son site un logiciel, encore incomplet, pour calculer les bilans produits partiels. Pour les consommateurs, la seule solution reste donc pour l'instant de se fier à certains labels sûrs, comme NF Environnement, AB ou l'écolabel européen Fleur, et naturellement de préférer les produits en vrac ou empaquetés en gros.
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