Fabriquer du plastique à partir de blé ou de pommes de terre ? Spécialistes des bioplastiques et pétroliers s'y sont résolus : les solutions existent, mais l'offre doit se structurer.
La biomasse : première ou deuxième génération ?
Le recours à la biomasse est étudié, mais « pour un stade ultérieur ». Raison invoquée : « la problématique de compétition avec la chaîne alimentaire. Nous préférons travailler sur la biomasse dite de deuxième génération en misant sur les tiges plutôt que sur le fruit ! ». Chez Sphere, spécialiste des bioplastiques, c'est le genre de critiques que l'on n'a pas peur d'affronter. « Attention à ne pas confondre bioplastiques et biocarburants ! Si la totalité des emballages plastiques français avaient recours aux matières naturelles, il faudrait y consacrer 4 % de la surface agricole. Il y en a aujourd'hui 10 % en jachère » insiste John Persenda, le pdg de la société.
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Bioplastiques et écologie : un mariage complexe !
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Bioplastiques et écologie : un mariage complexe !
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Remplacer une ressource fossile par une matière naturelle et renouvelable est a priori positif pour l'environnement. Pourtant, les écologistes ne sont pas toujours tendres avec les bioplastiques. D'abord parce que, comme pour les biocarburants, le préfixe « bio » prête à confusion. Si les matières premières sont des OGM ou des végétaux arrosés de pesticides, l'équation écologique devient vite complexe.Ensuite parce que l'origine naturelle des plastiques peut justifier un retour en grâce des emballages condamnés par ailleurs. « La prolifération de sacs biodégradables signifierait un retour en arrière, un retour en force du jetable » lançait en octobre dernier Bruno Genty, responsable consommation déchets de France Nature Environnement, lors d'un débat sur la taxation des sacs de caisse de supermarché non biodégradables.
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Enfin, parce que bioplastique n'est pas toujours synonyme de biodégradable. Les procédés chimiques introduits dans les procédés de fabrication changent la nature des matériaux. Plus que la matière première, c'est la composition du polymère du plastique qui prime en termes de biodégradabilité. Pour s'y retrouver, des normes très précises décrivent les caractéristiques de chaque emballage. Ceux qui portent la référence EN 13432 sont valorisables par compostage et biodégradation, c'est-à-dire qu'ils se dégradent au contact de bactéries et ne produisent aucun résidu qui détériorerait la qualité d'un compost. Reste à savoir si chaque emballage plastique peut terminer sa vie dans un compost !
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Toyota entend équiper rapidement l'habitacle de ses véhicules de bioplastiques. Après avoir prouvé leur résistance aux chocs et à la chaleur, le constructeur automobile a testé sa propre capacité à fabriquer des pièces bioplastiques en série. Et estime que d'ici la fin de l'année, il amènera à 60 % la proportion de plastiques d'origine végétale dans les composants intérieurs de plusieurs de ses modèles. Plus étonnant, l'entreprise a choisi d'investir directement dans une usine qui fabrique du bioplastique à partir de canne à sucre, de blé ou de pommes de terre. Et la société finance même des cultures indonésiennes de patates douces ! Le constructeur estime qu'en 2020, plus de 20 % de tous les plastiques seront d'origine végétale... et qu'il pourrait en produire une partie non négligeable.
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Cette implication des utilisateurs de plastique prouve une chose : l'offre a besoin de se structurer. Les entreprises sont nombreuses sur le secteur. Elles s'appuient sur des matières naturelles différentes comme l'huile de ricin, le maïs, les pommes de terre, le soja ou le bois. Elles ne développent pas toutes les mêmes techniques de polymérisation... Mais aucune n'a atteint la taille critique qui lui permettrait de concurrencer les entreprises pétrochimiques. « L'enjeu est bien de réussir à changer d'échelle pour faire baisser les prix de la production » martèle John Persenda. Chez Toyota, on estime que le prix de revient de certains bioplastiques est encore cinq fois plus élevé que celui du plastique ordinaire dérivé du pétrole !
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Un retour aux sources pour la matière plastique
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« Lorsqu'on parle de bioplastiques, on peut penser à des choses très différentes » prévient toutefois Marie-Pierre Béatrix, responsable de l'information du Pôle Européen de Plasturgie. Le programme biomatériaux du centre de recherche intègre deux enjeux bien distincts : l'introduction de fibres naturelles dans des thermoplastiques constitués de polymères classiques à base de pétrole, et la création de nouveaux polymères à base de végétaux.
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Le deuxième axe de recherche qui consiste à se passer complètement des matières fossiles peut lui-même emprunter différents chemins. Certains fournisseurs tentent de reproduire les polymères qui existent déjà avec le pétrole. C'est le cas de la société Braskem qui, au Brésil, va entrer dans une phase de production industrielle des très classiques polyéthylènes, en utilisant de la canne à sucre. Mais les végétaux servent aussi à créer de nouveaux polymères (comme l'acide poly lactique ou PLA à base d'amidon). « Ca n'a rien de révolutionnaire », souligne Marie-Pierre Béatrix. « On fabriquait déjà des matières plastiques naturelles avant qu'elles ne soient effacées par la pétrochimie du XXème siècle ! » Il aura fallu attendre la fin programmée du pétrole pour que la chimie verte soit à nouveau crédible. « Il faut saisir l'opportunité car le recours au bioplastiques permettra de relocaliser la production avec des produits protégés par des brevets » estime John Persenda. La matière végétale est partout. Y compris en France.
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2 commentaires:
Que signifie ``Bio plastiques`` au fond? car si ce sont bel et bien des polymères fabriqués à partir de matières naturelles et qui se dégradent en ne laissant presque pas d'impact écologique, je pense qu'il faut faire attention au terme de `bio`...d'autant plus quand en amont il faut produire à haut rendement de grandes quantités de mais, canne à sucre, céréales... à grand renfort de pesticides, fongicides, etc...pour fabriquer ces bio-polymères révolutionnaires!
De plus, comme l'exprime Bruno Genty, il y a le risque de retourner en force au ``tout jetable``...
alors ne vaut-il pas mieux commencer par éduquer les gens contre le suremballage ainsi que les entreprises en les incitant à la conception `éco-intelligente`, à savoir: concevoir un emballage pensé avec des fonctions précises et adapté au produit emballé, économique en matériau, recyclable ou revalorisable selon les circuits de traitement de déchats efficaces?
Je partage entièrement ton analyse. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer les différents points que tu soulèves.
Je considère que la conception de nouveaux matériaux devrait toujours être guidée par le concept de « Cradle to Cradle » (du berceau au berceau). En l’occurrence, les plastiques compostables, j’ai bien dit compostables et pas seulement biodégradables, me semblent tout à fait pertinents pour répondre aux exigences du développement durable. Toutefois, il faut promouvoir ces nouveaux matéraiux avec discernement : Promouvoir la biodégradabilité des plastiques auprès des consommateurs peut aussi comporter le risque d’augmenter les cas d’abandon sauvage (ce que tu évoques à travers le retour en force du tout jetable) alors que les comportements à encourager doivent rester la prévention et la participation individuelle au système collectif de gestion des déchets.
De plus, la promotion des bioplastiques doit impérativement s’accompagner du développement et de la généralisation d’infrastructures adéquates permettant le compostage.
La réduction à la source, la réutilisation et le recyclage restent les meilleures options possibles. Les bioplastiques n’ont vraiment de valeur ajoutée environnementale que lorsqu’il n’est pas possible d’envisager les 3R.
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