Pour des raisons économiques, environnementales et marketing, les industriels de l'emballage misent sur l'innovation écologique, sous la pression des consommateurs qui réclament moins d'emballages, sans toutefois vouloir renoncer à leurs avantages pratiques.
Qu'il s'agisse de carton, plastique ou métal, les fabricants d'emballages "ont placé les innovations en faveur du développement durable au centre de leur stratégie", selon le spécialiste Bertrand Perri, dans une étude du cabinet d'études économiques Xerfi.
D'ici 2014, le marché des emballages respectueux de l'environnement devrait doubler à 170 milliards de dollars, d'après une étude de Pike Research citée par Annette Freidinger, consultante pour le salon international de l'emballage, qui ouvre lundi à Villepinte, près de Paris.
Ce sont d'abord des obligations réglementaires qui ont poussé les acteurs de l'emballage, à l'image des géants Verallia, Impress, Gascogne ou Tetra Pak, à parier sur le développement durable.
Depuis 1998, les industriels doivent prendre en compte les exigences liées à l'environnement et la priorité donnée à la diminution des déchets a été renforcée par une directive européenne de 2004. Le Grenelle de l'Environnement a été plus loin, en fixant un objectif de taux de recyclage de 75% à 2012.
Fabricants et concepteurs se sont d'abord livrés à "une course à l'allégement", selon M. Perri.
Depuis 1998, les seuls acteurs du Conseil national de l'emballage (CNE) en France ont réduit de 75.000 tonnes le poids des emballages, tous matériaux confondus, soit le volume de 5.000 camions par an.
Par ce biais, le vert devient aussi une carte à jouer économique, en réduisant les besoins en matières premières. Atout non négligeable quand plastique, pâte à papier ou aluminium renchérissent.
Cette source d'économie est d'autant plus recherchée que, si 2010 s'annonce en légère reprise, le marché mondial de l'emballage, tributaire de la consommation, a souffert de la crise, baissant de 2,6% en 2009 à environ 415 milliards d'euros, selon Annette Freidinger.
En France, le chiffre d'affaires du secteur, qui rassemble 1.500 entreprises, a perdu environ 10% à 19 milliards, d'après le Comité de liaison des industries françaises de l'emballage (Clife).
Mais le seul allègement a ses limites, ce qui stimule la recherche d'innovations technologiques "éco-conçues", comme l'emploi de matériaux biosourcées ou recyclés.
"Il existe encore une marge de réduction de poids pour certains produits emballés, mais il serait erroné de croire que l'on puisse réaliser les mêmes réductions que celles réalisées ces dix dernières années", souligne Bruno Siri, délégué général du CNE, association créée en 1997 diffusant des bonnes pratiques de conception d'emballages.
Trop léger, l'emballage risque de perdre son intérêt: bouteille trop fine qui se broie quand on la prend en main, ou pot de yaourt s'écrasant dans le chariot du supermarché.
Outre l'obligation réglementaire et l'intérêt économique, le développement durable est devenu un atout marketing non négligeable pour séduire les consommateurs, qui sont 59% à considérer que la recyclabilité est une fonction à part entière de l'emballage, selon un sondage Ipsos réalisé pour le salon de l'emballage.
Mais "même si le consommateur réclame des emballages recyclables et recyclés, il ne souhaite pas revenir en arrière sur les fonctionnalités que l'emballage lui a données jusqu'à présent", comme l'ouverture facile ou les monodoses, relève Mme Freidinger.