dimanche 30 novembre 2008

Emballage en cellulose moulée : du pratique à l’audacieux

Lors de mon dernier passage au Salon Emballage 2008 à Paris, j’ai rencontré Benoît Glon d’Ecofeutre. Filiale du Groupe Glon, le principal producteur d’œufs en France, Ecofeutre a rapidement évolué pour passer de fournisseur d’emballages d'œufs vers un producteur d’emballages en cellulose moulée de qualité pour l’électronique, la parfumerie…

La cellulose moulée est produite à partir de papier de récupération (papier recyclé, de vieux journaux, papiers de bureau, cartons, etc) qui sera transformé en pâte par un processus purement mécanique (sans additifs chimiques de délitement). Fabriqués à 100% en fibres naturelles, les emballages à base de cellulose moulée sont totalement biodégradables et recyclables. La cellulose peut être teinte dans n’importe qu’elle couleur. Des noms ou des logos peuvent être inscrits en relief de façon très lisible.

Parmi leurs réalisations, un emballage original et écologique pour le parfum lulu©, de Lulu Castagnette. Cet exemple démontre bien comme il est possible d’innover, d’être éco-responsable en faisant preuve d’audace.

Il faut un peu d’imagination et une bonne dose de culot pour qu’un producteur de parfum utilise pour son emballage un matériau servant principalement à emballer les œufs…
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vendredi 28 novembre 2008

Éco-conception : la solution contre le suremballage

François Cardinal, journaliste spécialisé en environnement de La Presse, a publié aujourd’hui un article intitulé : « Je déballe, donc je suis » dénonçant le suremballage et le laxisme des politiques.

Pour restituer les choses dans leur contexte, il faut préciser que le cadre législatif Québécois n’est pas totalement vierge en matière de réduction de matières résiduelles. Au Québec, les nouvelles normes environnementales ont été resserrées avec les lois 102 (régime de compensation au bénéfice des municipalités qui oblige les entreprises à payer 50 % des coûts nets du recyclage) et 130 (redevances à l’élimination : Application d’une redevance de 10$/tonne métrique de matières résiduelles reçues pour élimination). Ces mesures semblent peut-être timides, mais progressivement, elles peuvent amorcer un tournant vert : l’emballage doit changer d’image.

Une piste à explorer pour les entreprises : L’éco-conception. Il s’agit d’une démarche novatrice et préventive, qui vise à minimiser l’impact de ces derniers sur l’environnement tout au long de leur cycle de vie. Essentiellement, il s’agit de privilégier la réduction à la source, d’encourager la réutilisation et le recyclage, et de promouvoir la mise au point de matériaux renouvelables.

Ainsi, avec des emballages éco-conçus, l'entreprise utilise moins de matières premières, moins d'énergie et optimise le transport, ce qui se traduit non seulement par un gain environnemental mais aussi par un gain économique. C’est une démarche volontaire, très valorisante pour l’image d’un organisme ou d’une entreprise et qui permet de crédibiliser sa communication environnementale dans la perspective d’un développement durable.

En Europe, "Plus personne aujourd'hui ne met un emballage sur le marché s'il n'a pas été 'éco-conçu" considère Annette Freidinger, maître de conférence à l'École nationale d'agronomie et d'industrie alimentaire de Nancy.


Plastique Oxo-biodégradable : miracle ou miroir aux alouettes ?

Ces jours-ci, les plastiques additivés (oxo-biodégradable) ont le vent en poupe (ici, ici et ). Au Québec, les sacs oxo pullulent.

Je reprends ici un commentaire qui m’a été laissé à la suite de mon billet sur le débat consacré au débat houleux entre pro oxo et pro Bio plastiques lors du congrès Pack Vision.

Les polyéfines additivées posent plusieurs questions:
  1. Les additifs restent des secrets de fabrication toujours très bien gardés et difficiles à identifier pour des raisons analytiques et aussi parce que les compositions sont modifiées en permanence.
  2. Certains additifs sont carrément toxiques et d'autres cachent leur toxicité derrière une règlementation soit laxiste, soit incomplète.
  3. La dégradation de ces matériaux produits des microparticules de plastiques, des cétones divers, des radicaux libres etc... dont les conséquences éventuelles sur l'environnement ne sont jamais prisent en compte (aucune norme actuelle n'y fait référence).

  4. L'argumentation selon laquelle ces produits sont biodégradables après avoir subit des pré-traitements UV/chaleur est partiellement vraie. Une biodégradation est effectivement observée, mais elle reste souvent faible et de toute manière incompatible avec les exigences des normes actuelles (particulièrement les normes EN 13432 et NF U52001).
    Les prétraitements (artificiels) organisent un biais important dans les résultats de la biodégradation observée ensuite. En effet, ces prétraitements sont en général effectués (pour des raisons de rapidité) à des températures de 60°C ou plus. A ces températures, selon l'état d'oxygénation du milieu, une dégradation suffisante (mesurée par l'augmentation des quantités de radicaux carbonyles formés) n'est atteinte qu'après +/- 400 heures à 7000 heures ou plus. Ramenée à des températures "normales" de 20-25°C ce même nombre d'heures doit être multiplié par des coefficients de l'ordre de 30...faites le compte en années. Ce n'est qu'au delà de cette dégradation qu'on peut espérer une certaine biodégradation.
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  5. Les additifs utilisés permettent d'observer un décroissance rapide des masses moléculaires moyennes...Certes c'est vrai mais on oublie trop souvent d'expliquer que des réticulations peuvent être observées avec une remontées de ces mêmes masses indiquant de manière "indirecte" une diminution des possibilités éventuelles de biodégradation.

  6. Expliquer que les polyoléfines additivées peuvent être "recyclées" est un non sens. Par essence ces matériaux, une fois exposés à l'oxygène, à la chaleur et aux UV sont dégradés en matériaux très petits souvent invisibles à l'œil nu...comment les ramasser? à la pincette? Par ailleurs les produits de la dégradation n'ont plus les propriété physico-chimiques des matériaux d'origine...impossible de les faire "refondre" pour en extruder de nouveaux produits (Impossible de faire du neuf avec du vieux).

  7. Vendre des polyoléfines additivées...OK...pas de problème mais il faut rester honnête et annoncer les vraies couleurs. Oxo-biodégradable c'est le début de la confusion, il faut dire dégradable c'est tout et surtout ne faire référence à aucune norme de biodégradabilité.
Vous pouvez lire aussi le point de vue de l’Oxo Biodegradable Plastics Institut.
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Vous pouvez consulter ici le dossier sur les plastiques oxo-biodégradables
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jeudi 27 novembre 2008

Les futurs enjeux du secteur de l’emballage: L’innovation au service du développement durable

«Innovation et développement durable», tel est le thème pour cette année des journées Packaging organisées par le Centre technique de l’emballage et du conditionnement, PACKTEC du 4 au 6 décembre 2008.

Organisée sous l’égide du ministère de l’Industrie, de l’Energie et des PME avec l’appui de l’Organisation mondiale de l’emballage (WPO), ce rendez-vous biennal s’adresse essentiellement aux fabricants d’emballage, aux utilisateurs, aux agences de communication et aux institutions publiques. Il vise à présenter l’état d’évolution technique des matériaux d’emballages et des systèmes de conditionnement ainsi que les perspectives d’innovation dans ce secteur tout en examinant l’impact du développement durable sur l’évolution du secteur de l’emballage et ses activités corollaires.

Le Quotidien tunisien La Presse a publié aujourd’hui un article fort intéressant sur ces journées packaging.

"Le développement durable, avec ses trois composantes sociale, environnementale et économique, s'est imposé depuis quelques années, comme une constante de la stratégie packaging et un nouvel espace d'innovation. Ainsi les entreprises peuvent explorer de nouveaux matériaux, une nouvelle relation entre l'emballage primaire et l'emballage secondaire, mais aussi de nouvelles interactions entre le produit et son conditionnement et cela pendant toute la durée du cycle de vie.

Poursuivre une politique de développement durable représente un engagement à long terme et repose sur un processus d’amélioration progressive. Elle nécessite une cohérence à tous les niveaux de l’entreprise, une attention permanente et des efforts considérables pour une mise en œuvre efficiente"

Eco-conception :

Une session entière sera dédiée à l’éco-conception qui représente une nouvelle approche dans la conception des emballages et un art de réduire l’impact environnemental d’un produit à toutes les étapes de son cycle de vie. Un triple objectif aura été satisfait, à savoir mener une politique environnementale basée sur la réduction des matières premières et une maîtrise de la gestion énergétique à toutes les étapes de la production, être en conformité avec la réglementation en vigueur relative aux emballages et aux déchets d’emballage et réduire les coûts d’achat des emballages.

Par ailleurs, le volet «Innovation packaging» occupera une place de choix dans le programme de ces journées. Tous les progrès technologiques et scientifiques seront abordés, à savoir les emballages actifs et intelligents, les bioplastiques le développement des nanotechnologies liées aux matériaux d’emballage, ainsi que les nouvelles avancées en matière de traçabilité des emballages.

Cette session mettra ainsi l’accent sur tous les facteurs qui orientent ou qui ont un impact sur l’innovation packaging, notamment le développement durable. Pour ce qui est de la sécurité alimentaire, une présentation de l’état des lieux des principales dispositions législatives et réglementaires nationales et internationales concernant les matériaux d’emballage destinés au contact alimentaire permettra de donner un aperçu sur les aspects liés à la sécurité, la traçabilité et l’étiquetage.

Optimisation des emballages :

En effet, la maîtrise des procédures pour garantir l’alimentarité des emballages et des matériaux d’emballage, les problèmes d’emballage liés aux conditions de transport et de distribution des marchandises et des produits dangereux, ainsi que les différents risques auxquels peuvent être confrontés les biens, les personnes et l’environnement seront aussi examinés.

S’informer, discuter et découvrir, tels sont les maîtres mots de cette édition des Journées packaging qui constitueront, cette année encore, un événement enrichissant et une occasion privilégiée d’échange fructueux sur les problématiques renouvelées en permanence qui régissent le secteur de l’emballage et orientent sa stratégie de développement.

Cette session permettra d’acquérir des connaissances nécessaires pour l’optimisation et l’évaluation des emballages destinés au transport des matières dangereuses, afin de réduire les avaries au cours du stockage, de la manutention et du transport des marchandises et d’assurer le meilleur rapport qualité/coût économique, tout en tenant compte des contraintes liées à l’environnement.
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mercredi 26 novembre 2008

Nestlé cuts Christmas footprint

Nestlé hopes to reduce its Christmas footprint by 150 tonnes this year by reducing the amount of packaging used in its Christmas selection boxes.

Andy McQuade, Nestlé Confectionery's seasonal brand manager said that "while the number and size of chocolate bars in selection boxes remain the same as in 2007, the packaging is 40% smaller and 25% lighter than last year".

Nestlé has made its selection boxes from 75% recycled board and the plastic trays within the pack are made from recycled bottles.

Families will be encouraged to recycle the packs through an on-pack message.

Nestlé has addressed the sustainability issue across a range of its products. Quality Street's coloured Cellophane films are now compostable in a home compost bin, as are After Eights' individual sleeve wrappers.

According to figures from the Waste and Resources Action Programme (Wrap), UK households produce an additional five sacks of rubbish over the Christmas period.

Nestlé reduced the amount of packaging it used globally by 326,300 tonnes between 1991 and 2007.
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mardi 25 novembre 2008

Éco-conception : Réconcilier l’environnement et l’emballage

Demain soir je donnerai une présentation dans le cadre de la « Soirée Pecha Kucha Montréal ». Ma présentation s’intitule, L’éco-conception : réconcilier l’environnement et l’emballage.

Résumé

Devant les défis de la mondialisation et du développement durable, l’industrie de l’emballage n’a d’autres choix que de s’adapter en développant de nouveaux produits mieux à même de respecter les attentes d’une clientèle plus soucieuse de la qualité et de la sécurité des produits ainsi que de l’environnement.

L’éco-conception des emballages est une démarche novatrice et préventive, qui vise à minimiser l’impact de ces derniers sur l’environnement tout au long de leur cycle de vie. Essentiellement, il s’agit de privilégier la réduction à la source, d’encourager la réutilisation et le recyclage, et de promouvoir la mise au point de matériaux renouvelables.

Ainsi, avec des emballages éco-conçus, l'entreprise utilise moins de matières premières, d'énergie et de transport, ce qui se traduit non seulement par un gain environnemental mais aussi par un gain économique. C’est une démarche volontaire, très valorisante pour l’image d’un organisme ou d’une entreprise et qui permet de crédibiliser sa communication environnementale dans la perspective d’un développement durable.

Cette présentation entend exposer ce qu’est l’éco-conception à travers plusieurs exemples d’emballages éco-conçus.
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Éco-conception: Réconcilier l’environnement et l’emballage

lundi 24 novembre 2008

Packaging of the week: Protektapak, sustainable wine packaging



Europe’s leading paper-based packaging manufacturer Smurfit Kappa has created a revolutionary new corrugated mail order pack for wine bottles, specially designed to withstand the grueling postal distribution chain environment.

The strong and durable ‘Protektapak’ corrugated box design provides unique transit protection for bottles. It has a 100% guarantee and during tests has been proven robust enough to protect bottle contents, even when being dropped from 5 metres (the height of a standard first storey window).

Smurfit Kappa created ‘Protektapak’ when briefed by Winehound.co.uk to develop an environmentally friendly and sustainable alternative to protective mailing packs currently used in the market. The resulting corrugated box design aims to replace environmentally unfriendly and expensive polystyrene.

The new pack has also been specially designed to be simple to pack and simple to post. It can also be modified to take any fragile object or objects that needs to be protected in the post and offers an ideal solution to internet shopping which requires maximum protection.

The 'Protektapak' innovative design has been awarded the UK Packaging Awards 2008 Corrugated Packaging Award.
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Congrès Pack Vision : Échanges houleux entre les Pro Bioplastiques et les Pro plastiques Oxo- biodégradables

Dans le cadre du Congrès Pack Vision qui s’est tenu au salon Emballage 2008, j’ai assisté à une conférence intitulée «Comment intégrer les matériaux compostables dans sa démarche de création?» présentée par Emballage Magazine avec la participation de Limagrain, Symphony Plastics, CGL packs, NatureWorks, Sphère et BASF. Au cours de cette présentation, un débat houleux s’est engagé sur l'épineuse question de la pertinence des plastiques oxo-biodégradables.

D’un point de vue personnel, je considère que la conception de nouveaux matériaux devrait toujours être guidée par le concept de « Cradle to Cradle » (du berceau au berceau). En l’occurrence, les plastiques compostables, j’ai bien dit compostables et pas seulement biodégradables, me semblent tout à fait pertinents pour répondre aux exigences du développement durable. Fabriqués à partir de produits de la terre (céréales, pomme de terre…), ils retournent en fin de vie à la terre sous forme de compost. Quel est alors l’intérêt des plastiques oxo-biodégradables, qui sont en fait des pétro-plastiques auxquels on a ajouté un additif pour favoriser leur biodégradabilité? Certes, ils présentent l’avantage de devenir invisibles en quelques semaines, mais le risque n’est-il pas d’encourager la culture d’abandon au détriment de celle de la valorisation?

Je voudrais revenir ici sur l’étude du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et l’exemple de Natrel, proposés par Philippe Michon de Symphony Plastics France pour démontrer la « supériorité » des Oxo sur les Bio.

Oui, en effet, la dernière étude du CRIQ (2007): Évaluation de l’impact des sacs biodégradables sur le recyclage des sacs en plastique traditionnels, montre que : les sacs oxo-biodégradables « NéoSac et EPI » présentent une excellente compatibilité avec les sacs traditionnels lors de la préparation des mélanges et lors de l’extrusion des profilés et des pellicules. Toutefois, les pellicules obtenues à partir des mélanges entre les sacs « NéoSac » et les sacs traditionnels présentent une dégradation rapide et considérable après seulement quelques jours de vieillissement accéléré. Ces sacs ne peuvent donc pas être considérés comme étant parfaitement compatibles avec la filière de recyclage des sacs de plastique traditionnels.

Juste pour rappel, le CRIQ avait réalisé en 2002 une étude afin d’évaluer les différents types de sacs dégradables sur la qualité du compost. L’étude montrait que certains sacs oxo-biodégradables contiennent des quantités significatives de cobalt, de chrome et de plomb. Notons par ailleurs que les effets à long terme de la présence de ces sacs dans le compost sont encore méconnus.

De plus, dans ce même rapport, on apprenait que les sacs oxo-biodégradables posent un problème particulier : le temps de dégradation est grandement variable en fonction du type et de la quantité d’additif qu’ils contiennent.

Concernant Natrel. Oui, le producteur de lait canadien a commencé à utiliser des sacs oxo-biodégradables de 4 litres qui sont disponibles depuis octobre 2008. Toutefois, les sachets à l’intérieur du sac oxo ne le sont pas. Ils attendent l’approbation de Santé Canada avant de passer aux sachets internes en plastique oxo-biodégradable.

Notons à titre informatif que l’intérêt de Philippe Michon pour le Québec coïncide avec sa prochaine arrivé à la tête de la nouvelle filiale de Symphony Environmental à Montréal.

En conclusion, je pense qu’il est important de rappeler que la promotion des biomatériaux exige vigilance et discernement. L’effort de labellisation et de classification dans ce secteur s’avère d’autant plus nécessaire que la promotion irréfléchie des bioplastiques pourrait avoir un effet pervers sur l’environnement et sur la crédibilité de ce type de produits. Il ne faudrait pas laisser croire au consommateur que tous ces matériaux qui s’arrogent le préfixe « bio » ne posent aucun problème en matière de gestion des déchets.

Enfin, la promotion des articles et produits compostables doit impérativement s’accompagner du développement et de la généralisation d’infrastructures adéquates permettant le compostage.
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Vous pouvez consulter ici le dossier sur les plastiques oxo-biodégradables
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samedi 22 novembre 2008

Les emballages doivent se mettre au "vert"

Les emballages sont partout dans notre vie quotidienne. En carton, polystyrène ou plastique, ils représentent 35 % du volume de nos poubelles. Avec le développement des doses individuelles et des suremballages, les industriels du secteur sont régulièrement accusés d'être responsables de l'explosion du volume des déchets ou de détériorer l'environnement. Pour réagir, ils développent depuis quelques années toutes sortes "d'emballages écologiques" qu'ils présentaient lors du salon de l'emballage. Mais en l'absence de règles communes pour juger de l'impact environnemental d'un emballage, les efforts sont dispersés.

Ainsi, telle entreprise préfère calculer combien de CO2 émet la fabrication de son emballage pour vanter ses produits. Une autre calcule son impact écologique mais l'outil de mesure est "créé en interne, selon des critères propres". Plusieurs critères sont à prendre en compte pour qu'un emballage soit totalement écologique : la consommation d'énergie lors de la production, le temps de transport, la nocivité lors de la destruction ou du recyclage. Or la mesure de tous ces éléments est loin d'être simple.

Ainsi certains nouveaux produits présentés comme écologiques ne le sont pas forcément sur toute leur durée de vie. C'est le cas des bioplastiques. 40 % à 100 % de la matière nécessaire à leur production provient de sources végétales (maïs, amidon de pomme de terre...), ce qui diminue sensiblement les besoins en pétrole. Mais leur fin de vie est souvent beaucoup moins respectueuse de l'environnement. "Il n'y a pas les filières nécessaires pour traiter ces déchets", souligne ainsi Hélène Bourges, du Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid).

Autre problème : comme les agrocarburants, ils sont accusés d'utiliser des ressources agricoles nécessaires à l'alimentation. Christophe Doukhi de Boissoudy, président du club des bioplastiques, qui regroupe les professionnels du secteur, réfute cette idée : "Si les bioplastiques atteignaient 10 % du marché, seuls 1,35 % des surfaces céréalières européennes seraient nécessaires pour leur production." Il admet toutefois qu'il n'est pas toujours certain que les plastiques d'origine végétale soient toujours meilleurs pour l'environnement. En cause : pas assez de lieux de production et donc des transports beaucoup plus longs que pour les autres types de plastique.

Le problème des emballages a naturellement été traité lors du Grenelle de l'environnement. L'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a été chargée d'y mettre un peu d'ordre. D'ici à 2011, un "affichage environnemental" qui détaille l'impact global sur l'environnement de chaque produit, et donc de son emballage, sera rendu obligatoire. L'agence a déjà publié des règles générales, mais les conditions précises sont encore en cours de définition. "On est dans une époque charnière", confie Christine Cros, la chef du département écoconception et consommation durable au sein de l'Ademe, pour justifier la désorganisation actuelle. "Ce qui est sûr c'est qu'il n'y a pas de meilleur outil que les analyses de cycle de vie (ACV), mais elles sont trop complexes et trop chères pour être rendues obligatoires." Les ACV mesurent l'impact global d'un produit sur l'environnement de sa création à sa destruction ou son recyclage. Pour l'instant, seules quelques entreprises comme Tetra Pak peuvent s'offrir une telle analyse.

L'Ademe travaille donc actuellement à définir une méthodologie d'analyse allégée, en collaboration avec d'autres pays européens et la Commission européenne. En attendant, l'organisme a mis en place sur son site un logiciel, encore incomplet, pour calculer les bilans produits partiels. Pour les consommateurs, la seule solution reste donc pour l'instant de se fier à certains labels sûrs, comme NF Environnement, AB ou l'écolabel européen Fleur, et naturellement de préférer les produits en vrac ou empaquetés en gros.
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L'emballage s'ouvre aux biomatériaux

Comme en témoignent les espaces dédiés au développement durable et aux biomatériaux installés au salon de l’emballage qui se clôt aujourd’hui à Villepinte près de Paris, les professionnels de l’emballage s’intéressent toujours plus aux impacts environnementaux de leurs produits. Depuis 1998, la réglementation pousse industriels et distributeurs à utiliser les emballages les plus minces et légers possibles, et à prendre en compte leur fin de vie. "Ils sont d’autant plus prompts à respecter la loi que ces mesures s’accompagnent le plus souvent d’économies", observe Annette Freidinger, consultante spécialisée sur le sujet.

Plus récemment sont apparus l’éco-conception et l’éco-design, fondés sur l’analyse du cycle de vie d’un produit, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à sa fin de vie en passant par son usage. Ils consistent à repenser les phases les plus consommatrices d’énergie ou les plus polluantes en modifiant le produit ou son mode de production.

Mais la vraie nouveauté, ce sont les biomatériaux et biopolymères. Une norme européenne distinguant les matériaux issus de ressources fossiles de ceux issus de ressources naturelles renouvelables stimule les innovations. Maïs, fécule de pomme de terre, chanvre et lin sont les plus utilisés dans l’emballage. Les biotechnologies permettent aussi de créer de nouveaux matériaux, mais les exigences liées à la protection des produits alimentaires multiplient les contraintes. "Le seul secteur de l’emballage n’est peut être pas assez puissant pour les surmonter, reconnaît Annette Freidinger, mais l’automobile travaille aussi sur le sujet, et plusieurs pôles de compétitivité s’y consacrent". Ce secteur pèse pourtant 22,7 milliards d’euros, emploie 110.000 salariés et place la France au quatrième rang mondial des exportateurs. Autre tendance de fond repérée cette année sur le salon, les machines plus économes en énergie, rejetant moins d’effluents, avec parfois un retour aux énergies mécaniques.


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