dimanche 19 septembre 2010

Plastique, l'ennemi intime : PLASTIFICATION DU MONDE

Que répondent les industriels du plastique à de telles critiques ? Ils vous renvoient à leur communication, très bien faite et n'évitant pas les questions dérangeantes. D'abord, expliquent-ils, eux utilisent les hydrocarbures pour faire des produits utiles, pratiques, bon marché qui facilitent la vie quotidienne des gens – cela dit, en bout de chaîne, il faut bien les brûler ou s'en débarrasser.

Ensuite, ils ne sont responsables ni de l'incurie de certains citoyens et des industriels – qui jettent n'importe où leurs ordures ou ne les trient pas –, ni d'un recyclage insuffisant ou défectueux par les services publics, ni du suremballage par les marques. Ils n'ont pas tort.

Nous participons tous, producteurs et consommateurs, à la plastification du monde. Quant aux dangers médicaux associés à la migration du BPA et des phtalates dans le corps, les industriels mettent en avant des études qui les minimisent, menées par des scientifiques… ayant travaillé pour eux.

Or, depuis des années, ces études ont été contredites par de très nombreuses recherches indépendantes, ou menées par des sociétés médicales reconnues en Europe comme aux Etats-Unis. De son côté, le neurobiologiste Frederick vom Saal, de l'université du Missouri-Columbia, avance que l'industrie du plastique se comporte comme hier les cigarettiers : "Distorsion, mensonge, tentatives de discrédit."

Il affirme qu'ils ont tenté de l'acheter pour qu'il renonce à publier ses premiers travaux sur le bisphénol A. Il reste, comme le font remarquer les industriels, que nous n'allons pas supprimer l'usage des produits chimiques dans les emballages comme dans quantité d'objets utiles en plastique ou en matériel composite.

L'évaluation des risques doit être faite, des normes doivent être établies. C'est dans cette perspective que l'Union européenne (UE) a adopté, en 2005, à l'initiative des ministres de l'environnement, le système Reach (Règlement sur l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques), obligeant les industriels à prouver l'innocuité de tout produit mis sur le marché.

"No data, no market", décrète Reach ("pas de renseignement sur les risques, pas de mise en vente"). Depuis, l'industrie chimique dénonce les bureaucrates de Bruxelles, brandit le spectre du chômage, si bien que Greenpeace a publié, en 2006, une étude intitulée "Lobby toxique. Ou comment l'industrie chimique essaie de tuer Reach".

La Suédoise Margot Wallström, commissaire européenne à l'environnement de l'Union jusqu'en 2004, déclare dans le film Plastic Planet : "Les industriels ont longtemps espéré faire échec à toute la réglementation." Une musique connue, non ?

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