mardi 6 janvier 2009

Sacs oxo-biodégradables au Québec : Greenwashing volontaire ou non?

Les sacs oxo-biodégradables pullulent au Québec. Plusieurs compagnies, Natrel, Publisac (Transcontinental), Metro, Jean Coutu, pour n’en citer que quelques unes, en ont fait l’argument principal de leur « tournant vert ». Mais n’ont-t-ils pas succombé aux fausses promesses des oxo-biodégradables.


De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer les problèmes que suscitent les sacs oxo-biodégradables et leur véritable valeur ajoutée environnementale.
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1- Réglementation laxiste, confusion et fausses affirmations

Actuellement la réglementation est soit laxiste, soit incomplète. Certes l’industrie du plastique a tenté d'améliorer la situation en créant une certification spéciale pour les sacs recyclables, ce qui devrait faciliter la prise de décision des consommateurs lorsque vient le temps de recycler un sac. Cependant, cette initiative s’avère insuffisante, il incombe au gouvernement Québecois de statuer sur la légalité de ces nouveaux sacs «verts» et de créer le cadre réglementaire adéquat. En attendant, les consommateurs nagent en pleine confusion, ne sachant pas comment se débarrasser du sac (gestion de fin de vie : recyclage, compostage, enfouissement???).

Par ailleurs, le National Advertising Division (NAD), un organisme chargé d’évaluer la véracité de la publicité aux États-Unis vient de recommander à GP Plastics Corp, le producteur de sacs oxo-biodégradables PolyGreen, de modifier ou de cesser de diffuser certaines fausses affirmations concernant leurs produits.

"Some of GP Plastic’s marketing claims that the NAD found unsupported included: “100% oxo-biodegradable”; “disposable through ordinary channels” and go “from front lawn, to waste bins to the landfill”; “You won’t notice any difference but the environment will.” “The greatest thing to ever hit the earth.”; “Eco-Friendly Plastic Newspaper Bags”; “environmentally friendly.”; “Our bags are completely recyclable” “The result is obvious – bag it with PolyGreen and increase your margins while saving the planet."

2- Le New York Times renonce aux sacs oxo-biodégradables

Le prestigieux quotidien New Yorkais vient de renoncer à l’utilisation des sacs oxo-biodégradables pour la distribution de leurs journaux.

"Until further analysis can be conducted and verified, we have decided not to move to an oxo-biodegradable bag,” said Abbe Serphos, a Times spokeswoman, in an e-mail message. “We will continue to assess all options and to utilize our current bag, which is fully recyclable and made from a high percentage of recycled plastic."

3- Maux de tête aux centres de tri du Québec

Le débat sur la recyclabilité des sacs oxo-biodégradables gagne les centres de tri du Québec. On y souligne que ces derniers ne sont pas recyclables, induisent la confusion dans les centres de tri et contaminent la chaîne de recyclage.

Réal Fortin, directeur des opérations du centre de tri de Gaudreau a affirmé à la Tribune de Sherbrooke que les sacs EPI: «ne peuvent pas être recyclés. Lorsqu'on les incorpore au mélange, ils causent un effritement du produit fini. Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir un extrant de cette qualité, surtout dans le contexte actuel».
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De plus, Gesterra, expert en gestion des matières résiduelles, vient de lancer un appel aux citoyens : « tous les sacs de plastiques oxo-biodégradables, portant la mention EPI, ne sont pas recyclables, même s’ils en arborent l’inscription, et doivent être placés dans les bacs gris voués à l’enfouissement. "

4- Certains points techniques demeurent obscurs

Les plastiques oxo-biodégradables posent plusieurs questions, entre autres, les additifs restent des secrets de fabrication. Les impacts des produits de dégradation restent méconnus à long terme.

De plus, aucune donnée ne permet de soutenir l’affirmation selon laquelle, dans les sites d’enfouissements modernes, les plastiques oxo-biodégradables se biodégradent complètement dans des conditions anaérobies.

5- Relation publique (PR) vs Environnement

Lors du Salon emballage 2008, Hélios Ruiz, directeur vente et marketing chez Sealed Air a affirmé que : les films oxo-biodégradables sont davantage un argument de marketing qu’une réelle opportunité environnementale.

"Oxo-biodegradable film is not the answer. You need light and oxygen [for it to biodegrade but in landfill there is neither."(...)"We would rather make an impact on reducing the materials than have a communications story."

En conclusion, la réduction à la source, la réutilisation et le recyclage restent les meilleures options possibles.
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Vous pouvez consulter ici le dossier sur les plastiques oxo-biodégradables
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