Les bioplastiques
suscitent depuis quelques années un intérêt grandissant. Toutefois, le
développement de ce nouveau secteur n’est pas sans soulever un certain nombre
de questionnements et de défis.
Le vocabulaire
utilisé sème la confusion et l’amalgame
Les termes «
biodégradable, compostable, biosourcé, dégradable voire oxo-biodégradable »
sont largement utilisés comme argument de promotion de matériaux
«environnementaux». La situation actuelle est plus que confuse. La sémantique
utilisée pour la promotion de ces nouveaux produits est souvent complexe,
reposant sur des termes galvaudés et jouant sur l’ambigüité, ce qui ne permet
pas aux consommateurs avertis d’opérer des choix éclairés.
Il faut dire que
la définition même du terme « bioplastique » n'est pas claire. Sciences et
Avenir définissait les bioplastiques comme étant : « un néologisme formé de
toutes pièces par les industriels et qui recouvre des plastiques à la
composition et à l’intérêt écologique très variables »
Le terme «
bioplastique » est aujourd’hui utilisé pour désigner deux réalités distinctes :
l’origine de la ressource et la gestion de la fin de vie. Contrairement aux
termes biodégradable et compostable qui font référence à la gestion de fin de
vie, le terme biosourcé est plutôt en lien avec l’origine de la ressource du bioplastique.
Il englobe donc les plastiques des trois catégories suivantes :
1.
Biodégradables et issus de ressources renouvelables
: ex. PLA (Natureworks)
2.
Biodégradables et issus de ressources non
renouvelables (origine fossile) : ex. Ecoflex (BASF)
3.
Non biodégradables et issus de ressources
renouvelables : ex. Green PE (Braskem)
Les distinctions
sont subtiles mais importantes. Il convient de mentionner que certains
matériaux biodégradables peuvent être fabriqués à partir de ressources
fossiles. Il ne faut pas non plus confondre le biodégradable et le compostable
: la biodégradabilité ne veut pas nécessairement dire compostabilité. Si un
plastique est compostable, il est forcément biodégradable, mais la réciproque
n’est pas vraie. De plus, bio-sourcé ne veut pas dire nécessairement
compostable.
Dans un but de
clarification, il faudrait éviter l’utilisation du terme de bioplastique et lui
préférer celui de plastique compostable ou celui de plastique biosourcé
(compostable ou recyclable).
Gestion de fin de
vie, le casse-tête
Une mauvaise
gestion de fin de vie des plastiques compostables risque potentiellement de
contaminer l’ensemble de la chaîne de recyclage ou même d’avoir des effets
pervers sur l’environnement s’ils se trouvent dans les sites d’enfouissement.
Les plastiques compostables qui sont déviés de la voie du compostage risquent
en effet, de causer plus d’impacts nocifs sur l’environnement ainsi que des
dommages au sein de l’industrie de recyclage. En effet, la dégradation d’un
bioplastique dans un site d’enfouissement génère du méthane, un des principaux
gaz à effet de serre, dont le pouvoir réchauffant est environ 23 fois supérieur
à celui du CO2. De même, les bioplastiques qui finissent dans un bac de
recyclage risquent de contaminer la chaîne de recyclage, si l’on ne peut les
différencier des pétro-plastiques.
Promouvoir avec
discernement
Il s’avère
impératif de mieux informer les consommateurs pour qu’ils comprennent quelle
est la véritable valeur ajoutée environnementale de ces produits. Le vrai débat
est celui de la valeur ajoutée environnementale des bioplastiques. Elle n’est
réelle que lorsqu’il n’est pas possible d’envisager les 3R (Réduction,
Réutilisation, Recyclage). Il ne faudrait pas laisser croire au consommateur
que tous ces matériaux qui s’arrogent le préfixe « Bio » ne posent aucun
problème en matière de déchets et pourraient magiquement disparaitre de notre
environnement. De plus, le développement des bioplastiques ne doit pas
compromettre la hiérarchie d’usage des ressources.
Promouvoir la
biodégradabilité des plastiques (A lire aussi Bannir le « Biodégradable »…!) auprès des consommateurs,
peut aussi comporter le risque d’augmenter les cas d’abandon sauvage, alors que
les comportements à encourager doivent rester la prévention et la participation
individuelle au système collectif de gestion des déchets. En d’autres termes,
plastique « bio » ou « petro », il ne faut pas jeter; Il faut plutôt, dans
l’ordre, Réduire, Réutiliser, Recycler et Composter.
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